FACTEURS DE RISQUES

Revue de littérature narrative sur les facteurs de risque et facteurs protecteurs de la MIN, Carlin, 2017, États-Unis
Source : Fiche mémo HAS : Prévention des déformations crâniennes positionnelles et mort inattendue du nourrisson, février 2020.

Position pour dormir

Bien que la position sur le ventre soit connue pour être un facteur de risque de décès par suffocation depuis 1944, l’association avec le SIDS a été identifiée en 1965 au Royaume-Uni et a été confirmée dans les années 1970 par des études en Europe, Australie et Nouvelle-Zélande. Les campagnes « Safe to sleep » promouvant la position sur le dos pour dormir ont commencé à la fin des années 1980 dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest, et aux États-Unis en 1994 ; toutes ont été associées à des diminutions significatives du taux de SIDS. Il est maintenant clairement démontré que dormir sur le ventre est associé à un risque augmenté de SIDS. Le positionnement sur le ventre est associé à un risque augmenté d’hypercapnie et d’hypoxie subséquente, à une diminution de l’oxygénation cérébrale, à une augmentation de la fréquence des hyperthermies, à une altération du contrôle autonome du système cardiovasculaire de l’enfant, et à des modifications des capacités d’éveil. Des études ont rapporté que le risque du positionnement sur le côté était équivalent à celui du risque du positionnement sur le ventre. Cela peut être expliqué partiellement par l’instabilité de la position de côté ; les enfants placés de côté sont plus à risque de rouler sur le ventre que ceux placés sur le dos; placer ou rouler en position ventrale met l’enfant à risque élevé de SIDS. Le risque de positionnement latéral ou ventral est également augmenté lorsque l’adulte qui s’en occupe est « nouveau ». C’est le cas par exemple du baby-sitter, qui peut placer un enfant qui dort habituellement sur le dos en position ventrale. Un enfant devrait être placé en position sur le dos à chaque fois qu’il est couché, quelle que soit la personne qui s’en occupe.


Partage du couchage (co-sleeping)

Le partage du lit est associé avec une augmentation des cas de SIDS dans des études cas-témoins. Dans l’étude de Colvin, le partage du lit était même le facteur de risque le plus important chez les enfants de moins de quatre mois. Le risque associé au partage du lit peut être lié aux matelas mous, au risque de chaleur excessive et au risque de recouvrement de la tête ou du torse par l’adulte. Cependant, la recommandation contre le partage du lit est controversée, car le partage du lit facilite l’allaitement qui est lui-même un facteur protecteur contre le SIDS. Le partage du lit est culturellement plus fréquent dans les groupes minoritaires et dans les groupes de statut socio-économique plus faible, à cause de contraintes d’espaces. Le partage de la chambre (co-rooming) sans partage du couchage (co-sleeping) est la configuration la plus saine. Cela peut aussi permettre un accès aisé à l’enfant pour les soins de confort et l’alimentation.
Le risque de SIDS en cas de partage du couchage est encore plus élevé quand un ou deux parents sont fumeurs, ou que la mère fumait pendant sa grossesse, quand l’enfant est né prématurément ou avec un poids de naissance faible, quand l‘adulte qui partage le couchage a ingéré de l’alcool, des médicaments, quand le partage du couchage se fait sur un sofa ou un divan, quand il y a un couchage mou, quand le partage du couchage a lieu toute la nuit, et quand l’âge des enfants est inférieur à 11 semaines. En revanche, il n’y a pas de sur risque de SIDS chez les enfants qui sont tenus ou nourris au lit avec un adulte éveillé et qui sont placés dans leur propre espace dédié pour dormir avant que l’adulte ne se couche.

 

Accessoires de literie mous

L’utilisation d’accessoires de literie mous (tels que couvertures, oreillers, peau de moutons, tours de lit et coussins de positionnement ou cale-bébés dans l’environnement du couchage de l’enfant) a été associée à un risque multiplié par cinq de SIDS, indépendamment de la position initiale de l’enfant, et à un risque multiplié par 21 de SIDS si l’enfant dormait sur le ventre. La Consumer product safety commission a aussi rapporté un risque augmenté de décès par suffocation ou d’asphyxies avec l’utilisation d’accessoires de literie mous. Les accessoires de literie mous peuvent aussi contribuer au risque surajouté d’excès de chaleur et de recouvrement de la tête. La présence d’accessoires de literie mous a été rapportée comme étant le facteur de risque le plus important chez les enfants de plus de quatre mois, ces enfants pouvant s’enrouler dans ces accessoires mous et être incapables de s’en extraire. Les turbulettes ou les pyjamas (vêtements de nuit) sont des alternatives acceptables aux couvertures ou aux draps.
 

 

Surface de couchage

La surface de couchage la plus sûre pour un enfant doit être ferme, avec un matelas de lit d’enfant bien ajusté. Les lits à barreaux, les berceaux et les parcs peuvent être des lieux de couchage convenables s’ils remplissent ces critères.
Les canapés représentent une des surfaces les plus dangereuses. Une étude a rapporté que 12,9 % des décès durant le couchage survenaient sur un canapé ou un divan et que les enfants qui décédaient sur des canapés dormaient plus souvent avec un adulte, à leur côté, et étaient plus exposés au tabagisme prénatal ; de plus, le canapé était le plus souvent considéré comme un nouvel espace de couchage potentiel.
Les parents devraient être incités à ne jamais placer un enfant sur un canapé, un divan ou une surface avec des coussins pour dormir. Les parents devraient aussi veiller à ne pas s’endormir avec un enfant sur de telles surfaces.
Il n’est pas rare que les enfants soient placés pour dormir (parce qu’ils s’endorment plus rapidement ou pour des problèmes de reflux gastro-œsophagiens) dans des sièges-auto, des poussettes, des transats, des porte-bébés et des écharpes de portage. Une étude a rapporté que l’enfant passait en moyenne 5,7 heures par jour dans un siège-auto ou un dispositif similaire. Ceci est un problème pour les jeunes enfants qui, dans ces dispositifs, n’ont pas un contrôle de tête suffisant pour maintenir leurs voies respiratoires assez libres, cela pouvant mener à des décès non intentionnels. De plus, les sièges-auto, quand ils sont placés en hauteur ou sur des surfaces molles, peuvent tomber ou se retourner, et provoquer des blessures ou une suffocation si l’enfant tombe sur la face. Lors de l’utilisation de ceintures, en prévention du risque d’étouffement, il est recommandé que la tête de l’enfant reste à distance de la ceinture et soit toujours visible.


 

Tabagisme maternel

Le risque augmenté de SIDS en cas d’exposition fœtale et/ou environnementale au tabac est dose-dépendant. En plus de réduire le volume et la compliance pulmonaire, l‘exposition in utero est neurotoxique, provoquant des anomalies des mécanismes d’éveil et une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque en réponse au stress, compromettant plus tard la capacité intrinsèque de l’enfant à répondre de façon appropriée aux modifications de son environnement. Bien qu’il soit difficile de séparer les effets de l’exposition fœtale de l’exposition environnementale, cette dernière est aussi considérée comme facteur de diminution du volume et de la compliance pulmonaire.
Une étude a estimé qu’un tiers des cas de SIDS serait prévenu si l’exposition au tabac était éliminée.
 


 

Prématurité

Les enfants prématurés et de petits poids sont quatre fois plus à risque de décéder de SIDS que les enfants nés à terme. Ce risque peut s’expliquer par une certaine immaturité du système nerveux autonome, mettant en défaut les mécanismes d’éveil et de réponse à l’hypercapnie. Si le risque d’apnée centrale durant la phase de prématurité est augmenté (en général jusqu’à 34 semaines corrigées), il faut noter qu’il n’y a aucune preuve que de telles apnées centrales précèdent les décès en cas de SIDS. Les moniteurs d’apnées ne sont donc pas recommandés pour la prévention des SIDS. Il a été montré enfin que les enfants prématurés sont à risque égal ou supérieur de SIDS lorsqu’ils sont placés sur le ventre. Or ils sont plus souvent placés sur le ventre à la maison, probablement parce qu’ils l’étaient à l’hôpital. Les enfants prématurés devraient donc être placés sur le dos dès qu’ils sont cliniquement stables, (en général après 32 semaines d’âge corrigé), et assez tôt de façon à être habitués à la position sur le dos avant la fin de l’hospitalisation